Les progrès de l’intelligence artificielle sont généralement considérés comme susceptibles d’affecter considérablement le fonctionnement de nos sociétés dans les années à venir. Leurs conséquences sur la défense méritent particulièrement d’être étudiées, d’une part parce que l’actualité récente a rappelé les enjeux et les risques associés, d’autre part en raison des délais nécessaires pour se préparer efficacement à de nouveaux types d’affrontements.

Ce cahier commence par présenter une vision d’ensemble. Il ressort que les effets à attendre, difficiles à cerner avec certitude, devront être évalués régulièrement, et qu’à l’échelle de la France ces perspectives rendent de plus en plus cruciale la poursuite d’un objectif raisonné de souveraineté numérique.

Concernant la défense, il importera à la fois d’exploiter au mieux des fonctionnalités inédites et de traiter des menaces ou des vulnérabilités nouvelles. Il conviendra notamment de prévoir des armements plus autonomes, des capacités accrues de préparation et de commandement, une transformation et une dispersion des responsabilités. Dans ce contexte, il sera d’abord attendu des ingénieurs de savoir utiliser efficacement les modèles d’intelligence artificielle et surtout d’assurer la fiabilité de leurs productions.

Pour répondre à ces enjeux, de nombreuses mesures d’adaptation ont déjà été prises par les acteurs concernés. Deux défis sont à souligner : au plan individuel, généraliser l’ouverture à l’intelligence artificielle tout en entretenant une capacité à prendre du recul par rapport aux nouveaux outils et à s’en passer éventuellement. Au niveau national, mettre en cohérence le niveau d’indépendance visé avec les périmètres des coopérations indispensables et les moyens importants à consentir pour accompagner le mûrissement de l’écosystème.