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IESF s'apprête à célébrer dignement le centenaire de la mort de Gustave Eiffel, décédé le 27 décembre 1923, qui fut élu président de La Société des Ingénieurs Civils de France en 1889. Sous son mandat eut lieu la 5ème et très brillante exposition universelle de Paris, avec la construction de la tour qui porte son nom.
Un comité de pilotage EIFFEL-IESF a été créé pour imaginer et coordonner les nombreuses manifestations qui sont organisées dans toute la France par IESF et ses partenaires.
Retrouvez ici et jusqu'en décembre 2023, une sélection d'ouvrage de ce grand ingénieur, entrepreneur et scientifique.
Qui ne connaît la Statue de la Liberté à New York, due au grand sculpteur français Auguste Bartholdi ?
Elle fut offerte par le peuple français aux Américains, en souvenir de l'aide, fort coûteuse pour la France, apportée pour affranchir le pays de la tutelle britannique. Elle fut inaugurée le 28 octobre 1886 pour le centenaire de la Déclaration d’Indépendance américaine.
L‘intérieur de la statue et la technique qui la maintient debout, sont beaucoup moins connus. Sa structure, conçue en 1881 par Gustave Eiffel, se présente comme un double pylône de 46 mètres de haut, stabilisé par 9 niveaux de traverses horizontales et d'entretoises posées en diagonale, associé à un squelette secondaire en treillis, sur laquelle des tiges métalliques maintiennent les 300 plaques de cuivre extérieures, d'un mètre sur trois chacune, martelées selon la technique du repoussé, choisie par l'architecte Eugène Viollet le Duc, qu’il avait découverte sur la statue de St Charles Borromée à Arona en Italie.
La structure a été construite et assemblée dans les ateliers de Levallois Perret, puis démontée et acheminée, par voie ferroviaire jusqu'à Rouen, puis, par voie maritime jusqu’à New York.
La frégate de transport à hélice de la Marine Française, " l'Isère", en a convoyé les 210 caisses. Parmi les nombreux collaborateurs de Gustave Eiffel dans cette réalisation, il est juste de citer l’ingénieur Maurice Koechlin, qui a aussi fortement contribué à l’édification de la Tour Eiffel.
En 1984, un siècle après son inauguration, un travail de restauration a été entrepris, notamment avec la participation de l’American Society of Civil Engineers (ASCE).
Notons que qu’il existe une réplique de la statue de la liberté (parmi d’autres) sur l'Ile aux Cygnes devant le pont de Grenelle à Paris.
Cette petite statue de 11,5 mètres est offerte par les Américains en 1889, soit trois ans après le don de la Statue de la Liberté par la France. Encore une fois, ce monument célèbre un événement tout particulier puisqu’il commémore cette fois-ci les 100 ans de la Révolution française. Cet événement marquant pour l’Histoire de France est d’ailleurs inscrit à côté du 4 juillet 1776, date de l’Indépendance des Etats-Unis, sur la plaque que tient la statue dans sa main gauche.
Placée face à la tour Eiffel avant 1937, la statue de la Liberté s’installera sur la pointe de l’Île, dos à la Dame de Fer.
Image Une main de la statue - source Telfrance Série
La « passerelle » St Jean de Bordeaux, en réalité un pont à deux voies de chemin de fer, construit de 1858 à 1860, conçu par Stanislas de Laroche-Tolay et Paul Régnauld, a permis de relier les rails de deux compagnies ferroviaires (PO et Midi) situées chacune sur une rive de la Garonne. Elle est considérée comme le premier ouvrage d’Eiffel, et celui qui l’a fait connaitre, à la fois pour ses méthodes de conduite de projet et pour les techniques utilisées, toutes novatrices.
La passerelle en 1900 et aujourd’hui, intacte et inscrite à l’Unesco.
Agé de 26 ans, Gustave Eiffel a dirigé le chantier pour l’entreprise Nepveu, avec une implication personnelle, une organisation et une gestion des hommes, des machines et des matériaux qui l’ont fait remarquer. Héritage maternel peut-être puisque Catherine Mélanie Moneuse, sa mère, était - fait rare pour l’époque - un chef d’entreprise énergique et efficace dans le négoce, alors en pleine expansion, de la houille : sur place dès l’aube pour diriger les opérations de déchargements.
La « passerelle », longue de 510 mètres et large de 8,60, est de type pont droit en tôles de fer puddlé, assemblées et rivetées avec de longues poutres horizontales raidies par des croix de saint André. Elle repose sur 6 piles en maçonnerie et 2 culées d’accès.
Auteur d’une étude : « Le fonçage par pression hydraulique des piles tubulaires » ; Gustave Eiffel propose et applique cette technique (procédé Triger [1]) qui lui vaut une première reconnaissance dans le milieu de la construction métallique. Il la réutilisera pour les fondations de la Tour Eiffel. https://structurae.net/fr/ouvrages/passerelle-eiffel
Dans les médias… L’émission FOCUS de RTL par Samuel Goldschmidt était consacrée, lundi 3 juillet, à la Passerelle de Bordeaux : https://www.rtl.fr/programmes/focus/7900279871-405-gustave-eiffel-l-homme-du-fer-et-la-passerelle-de-bordeaux
Elle fait partie du série de 7 émissions consacrées à 7 ouvrages de Gustave Eiffel. Jean-François Coste, précédant président du Comité Génie Civil et Bâtiments d’IESF, doit participer à deux de ces émissions : - la passerelle de Bordeaux - L'observatoire de Nice - Le viaduc de Garabit - La statue de la Liberté - Le Paradis Latin - La tour Eiffel - La soufflerie Eiffel Aérodynamique.
Un 20 h de TF1, qui s’ouvre sur la Passerelle de Bordeaux, a également été consacrée aux ouvrages d’Eiffel en mai.
Enfin, c’est sur cet épisode précoce de la vie de Gustave Eiffel que s’ouvre le film de 2020 avec Romain Duris dans le rôle-titre, et l’origine de la venue du grand ingénieur à Bordeaux et de son histoire d’amour avortée, mais ensuite très romancée, qui fait la trame du film. Pour la petite histoire, cet échec n’était que le premier d’une longue série : Gustave Eiffel a été refusé 6 fois en mariage par des parents jugeant le parti insuffisamment prestigieux… Intéressant d’un point de vue sociologique.
Le film relate aussi un incident réel qui a eu lieu sur ce chantier : le sauvetage d’un ouvrier tombé à l’eau, qui ne savait pas nager comme la plupart de ses contemporains, par Gustave Eiffel, qui travaillait sur la passerelle, et plongea pour le sauver.
Référence : Henri Blerzy. Les Fondations par l’air comprimé. La Nature - Revue des sciences, nos 1 à 26, 1873 (p. 148-151). https://fr.wikisource.org/wiki/Les_Fondations_par_l’air_comprimé
Deux ponts ont été édifiés sur le fleuve Douro au Portugal : Le pont Maria Pia, mis en service en 1877, aujourd’hui désaffecté et le pont Dom Luis Ier, mis en service en 1886, toujours en service. La ressemblance entre les deux ponts crée parfois des confusions, car ils sont presque identiques.
Le pont ferroviaire Maria Pia (de Savoie), du nom de la reine du Portugal de 1862 à 1889, fut le premier grand viaduc à joindre les deux rives du Douro. Fait d’un grand arc métallique, sa conceptualisation est l’œuvre de Théophile Seyrig, qui s’associa à Gustave Eiffel pour la construction. La structure de ce pont est faite d’un arc en treillis, avec tablier supérieur. La longueur totale est de 563 m.. Sa hauteur au-dessus de l’eau est de 61,20 m. et la portée de son arc de 160 m. La largeur de sa poutre est de 6 m. Voie unique. Mis en service en 1877, il est désaffecté en 1991 et remplacé par le pont São João, installé juste à côté. Le pont Dom Louis Ier relie la grande ville de Porto à la ville Vila Nova de Gaia, troisième municipalité la plus peuplée du Portugal. Le pont fut initié par Th. Seyrig, lorsque celui-ci s’est séparé de Gustave Eiffel et a rejoint la Société de Construction des Ateliers de Willebroek, laquelle a édifié le viaduc. Il mesure 395 m. de long, 8 m. de large et 60 m. de haut. Le niveau supérieur sert à lune ligne de métro et le niveau inférieur est dédié aux voitures. Une conception, à la base du pilier en arc du Maria Pia, qui n’est pas s’en rappeler les bases de la célèbre Tour. Sur la plaque, on peut lire « G. Eiffel et Cie, constructeurs ».
Avec le Müngstener Brücke en Allemagne, le Pont San Michele en Italie, le Viaduc de Garabit et le Viaduc du Viaur en France, le pont Dom Louis Ier et le Pont Marie Pia font partie des six grands ponts en arc, européens, choisis pour un grand rallye automobile en septembre 2023, qui a pour objectif leur promotion. Construits à la fin du XIXème siècle, ils constituent un grand exploit d’ingénierie méritant une inscription au « patrimoine mondial de l’UNESCO ». C’est déjà le cas pour le pont Dom louis Ier, ce sera chose faite pour le Garabit et le Pont Marie Pia à l’automne 2023.
Ces ouvrages d'art s'inscrivent dans la grande épopée ferroviaire du XIXème siècle, en France, en Europe, et dans le monde entier. Le rail a dopé la prospérité économique et a relié les hommes il y a un siècle et demi. Il revient actuellement en force avec les préoccupations climatiques et les objectifs de l'Union Européenne pour 2050.
Ce sujet fera l'objet d'un dossier complet à l'automne, actuellement préparé par le comité Génie Civil et Bâtiments d'IESF, qui sera publié dans l'espace dédié sur le site IESF.
Gustave Eiffel a eu le double talent de savoir recruter des ingénieurs exceptionnels pour la conception de ses ouvrages et de faire preuve de qualités unique dans la conduite de ses chantiers, aspect pratique qu'il n'a jamais abandonné, bien au contraire. Depuis les années 80 existe une collaboration suivie entre IESF et les ingénieurs génie civil portugais, ainsi qu’avec leur laboratoire d'études des matériaux dont l’intégration est prévue avec l'université Gustave Eiffel de Marne la Vallée.
Le congrès « ENGINEERS EUROPE » tenu à Cannes les 8 et 9 JUIN 2023 a permis de proposer une conférence au Portugal sur les ouvrages d’art qui ont rendu possible le développement du rail dans ce pays.
Edifié entre 1881 et 1887 sur le Mont Gros à Nice, à 375 m d’altitude, l’observatoire astronomique historique occupe un domaine de 35 hectares qui surplombe la ville. L’acquisition de ce territoire par le mécène Raphaël Bischoffsheim à la fin du XIXe siècle et l’utilisation continue par les astronomes de ce site enclos de murs constituent également un sanctuaire offrant un refuge à certaines espèces animales et végétales en constante régression du fait de l’urbanisation anarchique du littoral des Alpes-Maritimes.
L’établissement, tourné vers les sciences de la Terre et de l’Univers, a acquis une réputation internationale dans tous les domaines de l'astrophysique et de la géophysique, notamment en matière de Dynamique du système solaire, de planétologie, de cosmologie, d'ondes gravitationnelles, de gestion des risques naturels et de géodynamique.
La grande coupole est appelée également coupole Bischoffsheim, car celui-ci prit en charge la totalité des coûts de construction. Le bâtiment, qui abrite une grande lunette, a été conçu par l'architecte Charles Garnier, assisté de Gustave Eiffel, pour la coupole. Celle-ci, mise en service en 1887, possède une masse en mouvement de 100 tonnes. La grande originalité résidait dans le fait que la coupole, flottait sur une gouttière remplie d'eau. Ce système de flottaison permettait de soulager les astronomes qui actionnaient manuellement la rotation du dôme, réduisant considérablement les frottements.
La gare de l'ouest, une des trois gares de Budapest, conçue par l’architecte autrichien, Auguste de Serres (Empire Austro-Hongrois), a été construite de 1874 à 1877. Elle se présente comme un corps central métallique de 42 m de large sur 25 m de haut, encadré par deux bâtiments de style néo-baroque en brique et en pierre.
Derrière la façade se trouve une immense verrière de 14.000 m2 due à Gustave Eiffel, abritant les voies et les quais.sur une plateforme de 146 m.
La gare disposait d’une partie nationale desservant le nord et l’est du pays, et d’une partie internationale, comme dans toutes les grandes gares de l’époque, et accueillait le mythique Paris-Istanbul, l’Orient-Express.
C'est toujours une infrastructure essentielle de la capitale hongroise, un des centres névralgiques majeurs du pays, un pôle multimodal qui accueille aussi le métro, le tramway, et prochainement le RER en lien avec l’aéroport international de Budapest-Ferenc Liszt. Ce dernier ajout implique son réaménagement et le projet choisi a été dévoilé en avril 2022 : la grande verrière d’Eiffel deviendra un nouveau lieu de vie, restaurants, librairies, commerces, tandis que les rails rejoindront le sous-sol.
Photos Comité Génie Civil et Bâtiment d’IESF
En janvier, nous vous proposons le viaduc ferroviaire de Garabit mis en service en 1888, à l'époque le plus haut viaduc du monde, et celui ayant la plus longue portée. Toujours utilisé, il a été classé monument historique en octobre 2017 grâce à la ténacité du président du comité Génie Civil et Bâtiments d'IESF d'alors, Jean-François Coste.
La ligne ferroviaire Béziers-Neussargues, dite aussi "ligne des Grandes Causes", relie la Méditerranée au Cantal, en direction de Clermont-Ferrand et Paris. Elle a grandement contribué à désenclaver une région rurale mais dotée de ressources minières. Elle continue toujours à écouler la production de l'usine Arcelor toute proche et à faciliter le développement économique local.